Sabah Sayang

Le mélange culturel qui compose la Malaisie est d’une richesse surprenante, réunissant des populations indiennes, malaisiennes et chinoises dans une mosaïque vibrante de diversité. Religions, spécialités culinaires, langues et habitudes vestimentaires cohabitent pacifiquement. Néanmoins, la fusion de ces peuples diffère nettement entre la péninsule et l’île de Bornéo, où tous se réunissent comme des frères. La province de Sabah est un endroit fascinant mêlant beauté naturelle et humanité marquante.

Sabah Sayang, Chère Sabah,

La splendeur des paysages qui font ta renommée offrent un spectacle au-delà de l’imaginable. Paradis sauvage, terre riche arrosée de pluies abondantes, ta végétation s’étend avec une exubérance insouciante, débordante, habillant chaque interstice de ses mille nuances de vert et fleurs singulières. Tu provoques en moi un sentiment contradictoire de réconfort et de vulnérabilité, comme si tu t’infiltrais dans mon intimité sans préambule. Je suis prise de cours. Majestueuse nature, devant toi je m’incline.

Tu manifestes ta puissance par des démonstrations simples. Rien à prouver, tu es, tu donnes, sans limite. Nul besoin de s’enfoncer dans la jungle pour en être témoin. Iguanes gigantesques en pleine ville, une banane laissée sur le plan de travail dévorée en quelques minutes par une horde de fourmis minuscules ou encore une méduse qui me souhaite une douloureuse bienvenue, à jamais inscrite sur ma jambe. Je suis bien peu de choses. Ta grâce m’envoûte à chaque nouveau pas, je me sens entrer dans une poésie vivante.

Tes routes, elles, sont bien pourries. Tes habitants sont les premiers à le dire. Traverser la province est une sacrée aventure sur les voies cahoteuses qui secouent les 4×4 et en ville, chaque heure est de pointe. Les sabahans se sentent laissés pour compte, abusés par la péninsule qui puise leurs ressources en bafouant les accords. Injustice, oui. Chance ? Peut-être aussi. Forcés à mener une vie simple, leur cohésion de groupe et leur lien avec la nature n’en est que plus grand.

Sabah Sayang,
Le cœur amoureux je pars. Il me reste pourtant tant de choses à voir, tes mystères à peine effleurés. Je revois tes couchers de soleils aux couleurs flamboyantes, spectacle de tous les jours dont on ne peut se lasser. Je revois ce village de pêcheur sur pilotis et le hamac dans lequel j’ai observé les étoiles et la lune. La mosquée où j’ai prié Allah pour la première fois, et l’église où j’ai célébré la Pentecôte, invitant l’Esprit Saint à entrer dans mon cœur. Je revois tes forêts, l’imposant mont Kinabalu que je n’ai pu gravir, tes plages, tes animaux sauvages, et toutes les belles âmes, si généreuses, qui m’ont donné sans compter à ton image.
Le cœur amoureux, Sabah reviendrai-je ?